Sur la route à nouveau

Dimanche 4 septembre     

Nous prenons la Nationale qui mène vers le Nord : deux jours de route. Nous traversons de nombreux villages et croisons des milliers de zébus. Sur les bas-côtés, marchands d’oignons et de sacs de charbon de bois, combustible national. Partout des arbres cramés : beaucoup de feux de brousse sont allumés, peu sont contrôlés.

Michel en profite pour faire ses courses (c’est moins cher ici qu’à Diego Suarez !)

On croise une petite troupe de femmes qui chantent : c’est le « retournement ». Le mort est porté à bout de bras, on va passer à la maison après avoir rangé les os et changé le linceul !... Les tombeaux qu'on aperçoit depuis la route nous semblent bien plus riches et somptueux que les maisons, mais on ne sait pas car on ne peut pas approcher ou alors, très discrètement.

  
Arrêt gargote au marché de Port-Bergé (Boriziny)

Nous avons été bloqués deux heures sur la route, suite à la collision frontale d’un taxi-brousse sans freins avec… un camion de liquide inflammable sur un pont métallique. Pas de victimes, heureusement, mais un gigantesque bouchon !

Pas la peine de s'énerver, on rigole, on fait les badauds. Et aussi plusieurs pages d'écriture et quelques méditations pessimistes et sévères sur la transformation inexorable de cet île en charbon de bois et en désert, par des gens qui font du feu à longueur de journée, pour la cuisine ou pour faire des briques, et allument exprès des feux de brousse pour nourrir les zébus. Les feux sont contrôlés... sauf quand il ne le sont pas. Images tristes d’une région ravagée où la sécheresse et le désert vont pouvoir s’installer.

Après un grand pont, la route traverse un paysage déprimant, brûlé sur des km, avec des villages vides et quelques arbres rescapés. Le désastre est omniprésent.  

De la ville étape Antsohihy (prononcer Antsui), nous ne verrons que l'hôtel Paradisier et son resto un peu triste.